Volontaires au Timor oriental, pour « mettre la foi au centre »

LA CROIX

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Au Timor oriental, « La Croix » a rencontré des volontaires partis pour deux ans avec Fidesco vivre une expérience spirituelle au service des pauvres.
  • Pierre Cochez,
Volontaires au Timor oriental, pour « mettre la foi au centre »
Dili, Baucau

De notre envoyé spécial

Ils sont arrivés il y a juste une semaine à Dili avec leur petite fille de 3 mois. Pour l’instant, Henriette et Louis-Gabriel, originaires d’Étampes (Essonne), n’ont comme logement qu’une pièce dans le petit séminaire de la capitale du Timor oriental. Ils s’adaptent tous les trois à la chaleur moite, aux repas partagés avec les prêtres et à la langue tetoum, qu’ils comptent bien apprendre.

Henriette et Louis-Gabriel ont quitté Vincennes et leur vie professionnelle. Henriette était manager dans le département logistique de Decathlon. Elle explique la raison de ce départ pour Dili : « Dans notre vie, la place de Jésus était le dimanche. L’obligation de chaque chrétien d’aider les pauvres ne prenait qu’un petit bout de notre agenda. Alors, nous avons choisi de partir, une sorte d’abandon pour remettre notre foi au centre et quitter pour deux ans une vie qui avait déjà ses habitudes. » Ils ont choisi de s’engager comme volontaires pour Fidesco. Henriette remarque que « s’engager loin avec un petit enfant n’était pas un problème. Je suis partie tout bébé avec mes parents au Vietnam où ils étaient volontaires, déjà pour Fidesco ! ». Ici, à Dili, Henriette est professeure d’anglais et de musique, Louis-Gabriel de français et de microentreprise.

Émeric Clair a fait le déplacement jusqu’au Timor oriental pour rendre visite aux huit volontaires de l’association qu’il dirige, après une expérience professionnelle dans la grande distribution. Il aura de longs entretiens individuels avec chacun d’entre eux en compagnie de la responsable du pays, une bénévole qui travaille à l’Arche. « Partir avec Fidesco, c’est être préparé à entrer dans un immense respect envers la culture et les personnes vers qui l’on va », explique Émeric, qui a vécu cette expérience avec son épouse à Madagascar.

Les volontaires Fidesco font le choix d’être au plus près des habitants des pays dans lesquels ils travaillent pour un ou deux ans. Rétribués en moyenne 120 € par mois, ils sont mis à la disposition d’un diocèse pour des missions administratives, d’enseignement ou d’encadrement de jeunes. Ces candidats au départ ne choisissent pas leur destination. Ahna Krypczyk, une Polonaise qui travaillait dans une multinationale de Cracovie, raconte : « Je pensais à l’Amérique latine ou l’Afrique et je me retrouve à côté de l’Australie et de l’Indonésie. Mais j’étais en confiance avec l’organisation, certaine que le Christ allait m’accompagner. »

Ici, Ahna a appris à patienter, à ne pas planifier. « Les Timorais prennent soin de moi. Parfois, ce sont eux les missionnaires. » C’est aux JMJ de Cracovie, en 2016, qu’elle s’est posé la question, présente dans cet appel du pape : « Qu’est-ce que Dieu veut pour moi ? » « Le signe a été, pour moi, la rencontre avec une volontaire qui partait en mission en Afrique. »

Ici, à Dili, elle est professeure d’anglais et partage une sorte d’Algeco – un reste d’une base militaire des forces de l’ONU qui ont accompagné l’indépendance du Timor – avec Ana Matos dos Reis, une volontaire d’origine portugaise. « C’est important de prier ensemble », dit-elle devant une statue de la Vierge et de petits Post-it jaunes collés au mur qui reprennent des phrases de l’Évangile. « Cette mission me permettra de m’orienter dans le service des autres. On me demande parfois : “Est-ce que vous fuyez quelque chose en venant ici au bout du monde ?” En réalité, on peut fuir dans son propre pays. Il me paraît plus important de s’interroger sur le sens de sa mission », souligne Ahna.
Émeric Clair a sa propre réponse : « L’objectif est vraiment de servir l’Église. Pour être missionnaire, il faut vivre avec l’Esprit Saint. Se laisser toucher par l’autre, c’est impossible à faire tout seul. Seul l’Esprit Saint peut me permettre ça ! »

Chacun de ces volontaires est animé d’une foi solide. Zoé et Pierre-Jean Gougis, tout en haut de la montagne noyée dans les brumes, commencent leur journée par une messe à 7 heures, avant de marcher une bonne heure. Une fois par mois, ce couple de Chartres fait le point sur sa mission. Ils vivent à la paroisse en compagnie de deux prêtres et de deux séminaristes. « Ici, la place du prêtre est centrale. C’est un acteur très important du développement. Nous ne manquons de rien. Nous avons l’eau courante et un générateur, ce qui n’est pas le cas de tout le monde ici », explique Pierre-Jean.
À quelques heures de voiture de Dili, on arrive à Baucau, la deuxième­ ville du pays. C’est là que vivent le Français Julien Sébert et le Néerlandais Quirien van Berkel. Tous deux sont professeurs d’informatique et d’anglais au lycée du Sacré-Cœur de Jésus. Ils partagent la même maison, qui était l’ancienne cure. « Je voulais me couper de mon luxe et passer une année de service dans une ONG chrétienne pour approfondir ma foi en servant les plus pauvres, et pas seulement en faisant des selfies avec des amis africains pour les mettre sur Facebook. »

Quirien, lui, s’est engagé pour deux années à Baucau après deux années de philosophie et trois de théologie à Rome dans le cadre de sa formation pour devenir prêtre, dans son diocèse d’origine, aux Pays-Bas. « J’ai envie de servir les gens que je connais, chez moi. Mais avant, je voulais avoir une expérience, loin, pour me donner aussi du temps pour discerner. » Quirien a rencontré Fidesco lors d’un salon pour des jeunes catholiques en Hollande. Il a été convaincu par le sérieux de l’organisation, « même si l’émotion partagée par la communauté de l’Emmanuel, avec des chants et des veillées en commun, n’est pas forcément ma spiritualité ». Sa mission pour lui consiste à « enseigner à ce peuple pour qu’ils puissent prendre une place dans leur communauté. Ils ont cette chance de pouvoir construire une jeune nation. Ce n’est pas le cas dans un vieux continent comme l’Europe ». Une manière de résumer le sentiment général de tous ces volontaires saisis par l’énergie des Timorais.


publié par Association France Timor Leste @ 09:43,

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