
Insolite
La belle histoire de Gonzague Martin-Lecamp en route pour les JO d'hiver
jeudi 4 janvier 2018 à 17:18
Par Thibault Vincent, France Bleu Champagne-Ardenne, France Bleu Pays Basque et France Bleu
Gonzague Martin-Lecamp participera aux Jeux Olympiques de Pyeongchang (Corée du Sud) du 9 au 25 février. Ce Rémois, interne à l’hôpital de Bayonne, sera le référent médical de la minuscule délégation du Timor Oriental. Une belle histoire de famille et d'amitié.
Bayonne, France
"Les gens d'abord rigolent. Ils trouvent cela improbable et c'est vrai que ça l'est",
avoue dans un grand sourire Gonzague Martin-Lecamp attablé dans le
salon de sa colocation bayonnaise. Il est vrai qu'il y a de quoi être
incrédule quand le grand et mince jeune homme, né à Reims, au type
européen prononcé, vous annonce qu'il va participer aux Jeux Olympiques
d'hiver de Pyeongchang du 9 au 25 février prochain, sous les couleurs du Timor-Leste. D'autant plus improbable quand il ajoute que son sport à lui, c'est le tennis...Le Timor ne connaît pas le ski
Interne au service des maladies infectieuses de l’hôpital de la Côte Basque, à Bayonne, depuis novembre 2017, Gonzague sera le médecin de l'équipe. Et même le seul membre de l'encadrement médical. Et pour cause, la petite île de l'archipel indonésien, qui ne voit quasiment jamais la neige et ne connait pas le mot "ski", sera représentée en Corée du Sud, par un seul athlète : le skieur franco-timorien Yohan Goutt Goncalves, ami d'enfance de Gonzague."Son père est mon parrain, explique Gonzague. On a toujours vécu ensemble. _C'est la famille pour moi."_Et c'est donc assez naturellement que le rêve de Yohan est devenu celui de son "frère", comme de tous ses proches : participer aux JO sous les couleurs du petit Timor Oriental, indépendant depuis 2002, la patrie que la mère du jeune skieur, a du fuir lors de l'invasion indonésienne en 1975.

Une formation express de masseur
"Je n'avais pas pu y participer parce que je n'avais pas encore tous mes diplômes" se souvient Gonzague. Partie remise. Quatre ans plus tard, Yohan qui a progressé et intégré depuis le circuit mondial, se qualifie à nouveau pour les JO, et cette fois l'interne en médecine sera de la partie : "On s'est organisés depuis une bonne année pour que je l'accompagne dans son aventure."
A 4 devant l'imposante délégation des Etats-Unis
Gonzague a encore du mal à réaliser ce qui l'attend, ce village olympique à l'ambiance à part, ces sportifs mondialement connus... et cette cérémonie d'ouverture le 9 février, à défiler dans la tunique rouge du Timor, derrière Yohan, devant l'impressionnante escouade américaine et sous le regard de millions de téléspectateurs : "Ça va être assez drôle le contraste entre les centaines de personnes des Etats-Unis et nous. On va être juste 4 avec Yohan en porte-drapeau et nous (la mère de l'athlète, présidente de la Fédération de Ski du Timor, son entraîneur et Gonzague, ndlr) qui agitons la main. Ça va être magnifique."L'expérience d'une vie, reconnait le jeune médecin. Mais aussi la fierté de représenter ce pays pauvre, même si Gonzague, malgré la coordination d'une mission humanitaire lorsqu'il était encore à la fac médecine à Paris, ne s'est jamais rendu au Timor. "On est tous très attachés à la patrie de Yohan (...) et participer à cette exposition médiatique c'est quelque chose que je trouve vraiment important. Je pense que tous les moyens sont bons pour le faire découvrir à la scène internationale."
Gonzague a pris 18 jours de congés pour pouvoir accompagner son ami dans cette incroyable aventure. Un peu plus que l'usage (deux semaines d'affilée), mais avec les bonnes grâces de l’hôpital. "Je me sens très encouragé dans ma mission, notamment mon chef de service qui a fait en sorte que je puisse partir. Les gens sont très intéressés par mon projet". Charge à Gonzague de rapporter photos et anecdotes pétillantes de Corée du Sud.
publié par Association France Timor Leste @ 15:55,